LES MERVEILLEUSES PERLES DE MURANO !
Au XIIème siècle, Venise, république prospère, possédait de nombreuses manufactures de perles. Ces dernières doivent leurs extraordinaire croissance à la situation géographique qu’offre Venise : un réseau commercial évolué, une flotte marchande puissante la reliant à la mer noire, à la Méditerranée et à l’Europe.
En 1490, les verriers sont contraint de quitter Venise pour l’île de Murano en raison du danger que représentaient les fours pour la ville. Pendant prés de 50 , ils ne purent divulguer les secrets de fabrication, prisonniers de leur Ile et menacés de mort s’ils tentaient de migrer.
Après ce transfert, la production de perles augmenta considérablement grâce à l’évolution des techniques. Les verriers sont fortement influencés par les objets de verre complexes de l’antiquité égyptienne et romaine. Les perles de verre sont classées d’après leur technique de fabrication : enroulement, étirage, moulage, soufflage.
Dans l’enroulement, l’artisan enroule le verre en fusion autour d’une tige comme du fil sur une bobine. Ces perles sont fabriquées individuellement.
Pour les perles en verre étiré, les verriers utilisent des baguettes étirées à trou central, à partir duquel de nombreuses perles identiques peuvent être réalisées.
Ce sont principalement ces 2 techniques qui sont utilisées à Murano. Depuis des siècles les méthodes de fabrication restent inchangées.
L’une des techiques les plus intéressantes est l’étirage du verre en tubes creux. Un globe creux de verre en fusion est fixé à 2 plaques métalliques munies de tiges. Deux hommes, chacun tenant une tige, courent rapidement en sens inverse pour étirer un tube de verre mesurant au minimum 90 mètres. La bulle d’air initiale s’allongeant produit un orifice dans toute la longueur du tube. Celui-ci est ensuite fragmenté en baguettes, puis les baguettes en perles, et les perles parachevées par traitements thermiques ou par meulage.
Les perles enroulées contrairement aux perles étirées ne nécessitent pas de grands fours. Elles sont produites à la lampe à huile par de petits artisans. Vidéo vous montrant le travail des perlières : http://www.ethnologie.culture.fr/verre/portraits/perlieres/index.html
Vers 1615, les motifs se multiplient : perles millefioris, à chevrons, verre mosaïqué, etc. Au XV ème siècle, les maîtres verriers vénitiens diversifièrent leurs techniques et inventent des verres tantôt colorés, tantôt d’une transparence inégalée, tantôt blancs laiteux ou piquetés d’or. De nos jours encore, les verriers de Murano maintiennent une telle qualité que certains objets sont considérés comme des œuvres d’art.
- Les perles à chevrons : le dessin caractéristique en V est obtenu par étirement de couches successives de verres de différentes couleurs (souvent bleu, blanc et rouge). La baguette de verre ainsi obtenue est découpée en petites pièces qui, une fois meulées, donnent des perles cylindriques faisant apparaître le motif à chevrons.
- Les Millefiore (mille fleurs) : Le principe est semblable à celui des perles à chevrons, mais les baguettes de verre sont beaucoup plus fines, sans trou central. Les petites pièces découpées sont amalgamées autour d’un fil métallique par un liant de verre fondu. La perle chaude est pressée dans un moule pour lui donner sa forme définitive, puis refroidie et plongée dans l’acide pour ronger le fil, ce qui formera le trou.
- Les perles de verre soufflé : La forme de la pierre est crée par le souffleur, puis on y dépose d’autres couleurs de verre ou de l’or. Les mouvements du souffleur créent les formes spiralées caractéristiques de ces perles.
- L’Aventurine : Découvert par hasard, ce verre contient de minuscules cristaux de cuivre, qui donnent de belle irisations. Il est aplati en fin ruban que l’on applique sur les perles. On retrouve ce procédé dans les perles Sommerso.
- Les perles enroulées à la lampe : La lampe est la source de chaleur qui permet de fondre la baguette de verre, et de l’enrouler autour d’une mince tige de cuivre que l’artisan fait tourner en permanence. la perle ainsi formée est ensuite décorée, puis plongée dans l’acide pour dissoudre le métal et former le trou.
Au XVe siècle, la fabrication des perles est déjà une industrie florissante. La gamme des produits comprend aussi bien les pasternostri, grosses perles travaillées à l’aide d’une broche pour maintenir le trou d’enfilage ouvert que les margarites, petites perles obtenues à partir d’une canne perforée. La perle rosetta semble avoir été inventée au XVe siècle par Maria Barovier, connue pour ses mosaïques de verre. Au XVIe siècle commence à s’imposer une nouvelle perle « a lume » ou « a lucerna ». Travaillée au chalumeau, elle est ensuite façonnée à la pince et offre une grande variété de décors. Les perles au chalumeau sont très vite les plus prisées et les plus exportées. Dès le XVIIe siècle, des perles de type vénitien sont fabriquées en Bohême et en Moravie parallèlement aux productions locales. Puis les perles de Bohême à la façon de Venise sont exportées vers la Baltique, la Russie, la Scandinavie, la Hollande, la France, l’Angleterre, l’Espagne et vers les terres de l’Empire Ottoman. Au XVIIIe siècle, Venise perd sa suprématie dans l’industrie des perles de verre, mais dès le XIXe, la production reprend son essor, notamment avec la reprise des anciennes techniques telles que le millefiori. Aujourd’hui le site de Murano est encore très actif dans la production du verre italien et notamment des perles. Voici des échantillons de la production de l’entreprise École Moretti & Fratelli, doyenne des verreries fabriquant des perles en Italie.
Réponse